Test du ASUS ROG Strix Arion + Lite
| Renouveau portatif
Lorsque j'ai obtenu mon tout premier laptop personnel, je me suis rapidement heurté à un problème. Voilà, l'appareil venait avec un unique SSD M.2 SATA de 256Go. Saturer un tel disque est chose aisée, avec quelques logiciels de la suite Adobe CC et un ou deux jeux vidéos. N'ayant pas beaucoup d'argent, et voulant améliorer les performances de mon ordinateur avec un disque NVMe, je me suis rué vers le premier disque de qualité dans mes prix, un Samsung 970 Evo+ 500GB. Deux ans plus tard, je me permets finalement de passer à un disque de la même série, mais de 1To. Je me retrouvai ainsi avec un disque parfaitement fonctionnel qui dût dormir dans sa boîte pendant de longues années, faute de slots pour l'insérer dans un de mes ordinateurs. Entretemps, je cherchai souvent de nouveaux disques mécaniques portatifs pour remplacer les anciens, qui cessent mystérieusement de me rendre service.
C'est ainsi que le destin m'a mis sur le chemin de l'ASUS ROG Arion, un boîtier SSD pour convertir ces disques M.2 en clés USB très rapides. Mais avant de commencer, effectuons un survol des différentes variantes de ce boîtier.

| Arion Confusion
Il y a trois déclinaisons du ASUS ROG Strix Arion, soit le modèle de base, le modèle Lite et le modèle S500. L'Arion de base est le plus intéressant et le plus complet. L'Arion Lite abandonne la sangle, la protection en caoutchouc, le câble USB-C vers USB-A et propose moins de pads thermiques. L'Arion S500 ajoute à l'Arion Lite un SSD de 500Go. Référez-vous au tableau ci-dessous pour un portrait plus graphique.
Inclus avec le modèle... | Arion | Arion Lite | Arion S500 |
---|---|---|---|
Sangle et protection en caoutchouc | Oui | Non | Non |
Câble USB-C vers C | Oui | Oui | Oui |
Câble USB-C vers A | Oui | Non | Non |
SSD 500Go inclus | Non | Non | Oui |
Ainsi, l'Arion de base est le modèle le plus complet. Certes, l'une des raisons pour lesquels vous considéreriez ce produit au détriment d'un disque dur externe standard est la résilience des SSD face aux chocs et aux vibrations mais avoir une protection supplémentaire n'est jamais de refus. Ce qui plaît moins, c'est la perte du câble USB-C vers USB-A 3.2 Gen 1, ce qui vous fera perdre en versatilité. Si vous n'avez que des appareils dotés de ports USB-C 3.2 Gen 2, USB 4 ou Thunderbolt, c'est assez tolérable. Toutefois, il est difficile de s'imaginer qu'un unique câble ajoute tant à la facture finale pour qu'il soit omis.
Les ports et protocoles USB vous semblent incompréhensibles? Abonnez-vous à notre blog car un guide sur le sujet est en cours de rédaction. Un lien est disponible au bas de la page.
| Spécifications
En termes de spécifications, il n'y a pas grand chose à dire. Il n'y a qu'un slot M.2 NVMe, qui n'accepte que les disques M.2 NVMe de taille 2230, 2242, 2260 et 2280, les tailles les plus communes étant justement 2230 et 2280. Les disques AHCI et SATA, plus vieux, ne sont pas acceptés, car leur protocole est incompatible.
Le seul port de sortie est un port USB-C 3.2 Gen 2x1, donc un port 10Gbps. Un port Gen 2x2 aurait été apprécié, pour profiter de vitesses de 20Gbps. Le câble inclus est compatible avec le standard. Je n'ai pas l'équipement pour mesurer la consommation énergétique mais la consommation est assez faible pour que le lecteur fonctionne avec un téléphone. Je n'ai pas eu à déplorer une baisse anomale du niveau de batterie lors de son usage sur téléphone ou sur mon ordinateur portable.
| Dans la boîte
Le contenu de la boîte varie selon l'édition de votre boîtier. Encore une fois, l'édition standard est l'édition la plus complète, grâce à son câble USB-C vers USB-A, sa sangle et son étui de protection. Toutes les variantes viennent avec un guide d'installation doté exclusivement d'images, un manuel multilingue basique, un éjecteur et un câble USB-C vers USB-C, qui est par ailleurs plus court que le câble USB-C vers USB-A. Autrement, la boîte dégage une atmosphère de qualité, quoique les impressions en relief semblent délavées. C'est mineur, mais ça peut affecter les premières impressions.
Note: le papier glacé était propre lorsque j'ai acheté le boîtier. Les taches sur celui-ci sont dues à la pâte thermique qui couvrait le disque que je décidai d'insérer dans le boîtier. N'y prêtez pas trop d'attention.
| Design, matériaux et prise en main
Au premier coup d'œil, il n'y a aucun doute sur l'origine du produit: d'une marque de gaming. Le produit est orné de lignes disposées selon la méthode de projection isométrique, même si cette règle est rompue à plusieurs reprises, avec des angles supérieurs ou inférieurs à un multiple de 60°. L'intégration est très bien réussie, toutefois, car le design demeure cohérent. Les lignes sont percées avec précision et les parcourir avec son doigt est agréable. C'est indéniablement un design de qualité, aspect très important pour tout produit "gaming".
Autre aspect important pour tout produit "gaming": des lumières multicolores! Le logo ROG est illuminé, ainsi qu'une petite bande de lumière se réfléchissant sur du plastique semi-transparent. Ces effets lumineux sont indéniablement superficiels mais ASUS a doté l'appareil de diodes à plage RGB complète. 16.7M de couleurs! Ils auraient pu utiliser des diodes moins chères à plage limitée, voire à couleur unique, ce qui aurait instantanément ruiné l'aura de qualité que dégage le produit. Oui, les lumières sont une considération superficielle mais ce genre de diode se remarque. Vous pouvez d'ailleurs les contrôler avec votre ordinateur.
Au final, le design n'est pas si mal. N'étant pas trop fan des lubies "gaming" moi-même, je n'aurais pas supporté un appareil plus voyant. Il s'agit certainement d'un design plus intéressant que les boîtiers très génériques disponibles en ligne qui font penser à des radiateurs.
L'extérieur est fait entièrement d'aluminium, sauf la fenêtre du logo ROG illuminé, qui est en plastique mat. C'est probablement mieux ainsi, car du plastique clair ou du verre accumulerait les rayures. La protection incluse est en caoutchouc, mais malheureusement, le loquet de la sangle s'y greffant est en plastique très, très léger, ce qui me pousse à m'inquiéter pour son intégrité à long-terme. Au moins, vous pouvez utiliser tout autre sangle que vous voulez, tant qu'il entre dans la fente.
Le produit est assez léger pour être facilement tenable dans la main, sans être trop léger au point de créer une impression de fragilité et de vide, au contraire du loquet susmentionné. Considérant qu'il doit accepter les SSD M.2 de dimension 2280, c'est un modèle très compact et facile à transporter. Au repos et avec usage modéré, le produit est froid au toucher. Avec un usage soutenu, l'appareil peut devenir bien plus chaud, mais je n'ai jamais fait l'expérience des températures incroyables décriées en ligne. J'ai déjà fait l'expérience de températures vastement plus fortes avec d'autres boîtiers du genre, presque à m'en brûler les doigts, mais rien de tel ici. Toutefois, lorsque la température monte, un temps de repos très modeste suffit pour que les températures chutent. J'en suis impressionné.
| Intérieur et Installation
Se faufiler à l'intérieur est chose aisée. Il suffit d'utiliser l'éjecteur inclus avec le produit pour ouvrir le compartiment, à la manière d'un téléphone. Sauf qu'au lieu de propulser vers l'extérieur un petit slot pour carte SIM (et MicroSDXC, si votre OEM tient encore à vous), c'est le panneau arrière complet qui sort! Il n'y a rien de très compliqué à l'intérieur. D'un côté, nous avons de très généreux pads thermiques, pour dissiper autant de chaleur possible du disque SSD vers la coque du boîtier, afin de maintenir le plus longtemps possible la performance de pointe dudit disque. De l'autre, nous avons le slot pour disque M.2 et une vis pour maintenir ledit disque en place. De nombreux trous sont disponibles afin que votre disque, qu'il soit de format 2230, 2240, 2260 ou 2280, puisse y être installé.
Pour installer votre disque, vous devrez retirer la vis à l'aide d'une pièce de monnaie ou quelconque outil similaire et placer la partie plus mince dans le logement à vis situé à l'extrémité de votre SSD M.2. Insérez ensuite ledit disque dans le slot, en commençant par le connecteur. Vissez ensuite la vis et refermez le boîtier, puis ajouter la protection en caoutchouc si tel est votre souhait. C'est aussi simple que cela. Pour l'utiliser, vous n'avez plus qu'à connecter un des câbles USB-C inclus, selon l'appareil cible.
Il n'y a pas de pilotes nécessaires, le boîtier se connectant comme tout disque dur USB. Ordinateurs, télévisions et appareils mobiles acceptent joyeusement le lecteur, au contraire d'un boîtier Thunderbolt. Les appareils mobiles sont un détail important car il leur est impossible d'alimenter des disques durs externes, normalement. C'est tout l'avantage des disques SSD, qui consomment moins d'énergie. L'appareil a toutefois quelques problèmes avec mon adaptateur USB-C 3.2 Gen 2 Dell DA310. Il cesse de fonctionner après avoir transmit quelques kilobytes de données seulement. Assez étrange car aucune autre combinaison ne présente telle situation. Lorsque connecté à un dock Dell de la série WD19, le boîtier se comporte correctement. Lorsque j'aurais plus d'informations sur le sujet, je mettrai à jour cet article tout en publiant une annonce sur le blog.
| Performances
Puisque c'est la première fois que je conduis un tel test de performance pour un produit de stockage de données, je greffe à ce test la méthodologie adoptée pour les différents tests. Bien sûr, toute question ou commentaire à son sujet est le bienvenu.
| Méthodologie de base pour évaluer comment le boîtier affecte les performances
Pour effectuer cette comparaison, j'utilise trois disques, tous des SSD Samsung 970 Evo+, quoique le disque inséré dans l'Arion est un disque de 500Go (465 GiB) tandis que mes disques internes ont une capacité de 1To (932 GiB). Ces disques M.2 PCIe Gen 3x4 ont des vitesses excédant les 3 Go/s, ce qui sature amplement la vitesse théorique d'un port USB-C 3.2 Gen 2, qui ne permet qu'un maximum d'environ 1Go/s. Cela permet de comparer plus efficacement la performance et la pénalité infligée par le boîtier. Le troisième disque est un disque témoin qui ne prend pas part à la comparaison. Tous les fichiers sources, comme l'image ISO Windows 11, y sont stockés.
À noter: Quoique ce sont des disques de la même série, la différence de taille doit procurer au disque dans le boîtier Arion un désavantage. En effet, la taille du cache d'écriture est proportionnelle à la taille totale du disque.
| Méthodologie du test d'installation

Un test assez ésotérique pour évaluer les performances en conditions réelles du disque fût l'installation complète d'un système d'exploitation à partir de zéro. Pour cela, j'ai sollicité les services du vénérable logiciel VMWare Workstation, dans sa version la plus récente (16.2), ainsi que la dernière version de Windows (11). L'image d'installation fût stockée sur le disque témoin, assurant ainsi que l'installation doive nécessairement lire des données stockées ailleurs. Les machines virtuelles furent évidemment pourvues de caractéristiques identiques. Le test est effectué avec un simple minuteur avec fonction de "tours". Les premiers et derniers tours commencent dès lors que le système effectue ses opérations d'installation, soit sur les écrans "Installation de Windows" et "Cette opération peut prendre quelques minutes". Le deuxième tour est coupé du calcul car il requiert l'attention de l'utilisateur. Toutefois, il ne m'a nécessité que 51 secondes sur l'Arion, puis 51+9 secondes sur le disque interne, puisque je coupai trop tôt le compteur du deuxième tour.
| Méthodologie du test CrystalDiskMark
Le logiciel a été configuré en mode NVMe, puisque ce sont des disques conformes à ce standard.
Les tâches séquentielles sont parfaites pour tester les manipulations concernant des fichiers volumineux, comme des vidéos, des archives .zip, des images .iso ou même des photos volumineuses (pensez à des fichiers RAW). Ce sont les manipulations les plus faciles.
Les tâches aléatoires sont bien plus difficiles, car elles impliquent de déplacer de très petits blocs de données. Pensez à de petits documents en format Word ou .txt.
La fonction de cache en écriture a été activée pour les deux disques afin de mieux illustrer la performance potentielle. Si vous n'activez pas cette option, les tâches aléatoires ont une pénalité de performance supplémentaire d'environ 50%.
N'oubliez-pas que le boîtier Arion est limité par son bus USB 3.2 Gen 2, soit 10Gbps.
| Résultats
L'installation complète de Windows sur le disque contenu dans le boîtier Arion dura 5 minutes et 10 secondes. Pas mal. Avec un disque interne identique, l'installation prit 4 minutes et 45 secondes. Une différence de 25 secondes, même pas 10% de moins. Pour un disque devant se contenter d'un bus bien moins apte qu'un bus PCIe NVMe natif, c'est remarquable.
Les tests synthétiques standards de CrystalDiskMark offrent les scores suivants:
Arion : Lecture | Arion : Écriture | Interne : Lecture | Interne : Écriture | |
---|---|---|---|---|
Séquentielle - 1M Q8T1 | 1067 Mo/s | 1032 Mo/s | 3518 Mo/s | 3318 Mo/s |
Séquentielle - 128K Q32T1 | 981 Mo/s | 1026 Mo/s | 3508 Mo/s | 3293 Mo/s |
Aléatoire - 4K Q32T16 | 287 Mo/s | 322 Mo/s | 1806 Mo/s | 2085 Mo/s |
Aléatoire - 4K Q1T1 | 35 Mo/s | 81 Mo/s | 53 Mo/s | 243 Mo/s |
Ces scores sont respectables, quoiqu'évidemment la pénalité encourue est très importante. Considérez que les opérations séquentielles saturent le bus USB 3.2 Gen 2, ce qui est parfait. La performance durant les tâches aléatoire souffre énormément en écriture. Il faudra ainsi éviter d'utiliser le boîtier comme fichier d'échange amovible, mais si tel était votre intention, vous pourriez tout simplement déplacer des fichiers sur le disque externe pour augmenter la taille du fichier d'échange sur vos disques internes. Ces scores demeurent toutefois bien en avance sur les disques mécaniques classiques.
Ces tests démontrent qu'en tant que lecteur de stockage de masse portatif, l'Arion promet des performances très acceptables. De plus, les performances sont suffisantes pour permettre d'y héberger un système d'exploitation portatif complet et une suite de logiciels. Et puis, le boîtier demeure froid ou tiède au toucher. C'est important car les températures du disque sont garants de la performance soutenue. En d'autres termes, le boîtier Arion dissipe bien la chaleur du disque pour nous assurer que ces scores sont représentatifs d'un usage soutenu. D'autres boîtiers moins chers, comme ceux de Plugable, se transforment en pico-poêle à frire.
| Conclusion
Même s'il semble assez voyant, le boîtier Arion d'ASUS est un excellent moyen de remettre en service des disques SSD plus que fonctionnels dans un format certes vastement plus grand que toute clé USB, mais qui demeure très portatif. Avec un prix de 80$, il est possible de se demander s'il en vaut la peine, tandis que des produits comme le SanDisk Extreme Pro proposent d'inclure dans un tel boîtier un SSD de taille variant entre 500GB et 2 TB. L'idée est plutôt de "recycler" un disque existant, mais le fait de combiner ledit boîtier avec, disons, un SN570 de Western Digital, à seulement 100$ pour 1TB, est déjà plus économique. Augmenter en capacité ne fait qu'exacerber la différence de prix. C'est donc une bonne option pour obtenir du stockage portatif très rapide à plus bas prix. Il est certes possible de lamenter le fait qu'il n'y ait "que" 10Gbps mais si vous n'avez pas besoin de transférer des données à 2 Go/s sur une base régulière, vitesse qui risque fort de saturer le cache SLC de votre disque et donc ne sera pas soutenue, ce boîtier est une excellente option qui gère à merveille la chaleur que son utilisation produit.