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21: Pas deux ni un argument qui tient

Je n’aime pas parler publiquement de politique. Les idiots fanatiques se mettent sur votre dos car vous osez faire preuve de jugement critique qui rejette les dogmes préconçus et vous apposent une étiquette quelconque déconnectée de la réalité et de la nature de vos arguments. Mais je ne peux plus garder le silence. Mes paroles ont une portée limitée mais là n’est pas la question. Le silence est une forme d’approbation mais je ne saurais me porter garant de la situation actuelle entourant la loi 21 au Québec.

Pour rappel, la loi 21, adoptée en 2019 sous bâillon et en usant de la clause nonobstant (plus de détail viendront) propose de rendre illégal le port de choses apparentées à une pratique religieuse. Cette loi s’applique notamment aux enseignants. Ou devrais-je dire, aux enseignantes musulmanes.


Car c’est évidemment elles qui sont ciblées par cette loi insensée, sous prétexte que le simple port de leur voile consiste à un endoctrinement des enfants. Ceci est une proposition ridicule au mieux. Ce débat, dont les principaux intéressés n’ont pas eu droit au chapitre, existe depuis au moins le début des années 2000. Entretemps, combien ces diaboliques religieuses ont-elles convertis? C’est vrai, le Québec est désormais 99% musulman à cause d’elles maintenant! … Ah, on vient de me dire que ce n’est pas le cas. Il n’y a pas de données à cet effet dans le recensement de 2016 mais le recensement de 2011 établit que, sur une population québécoise de 7 732 520 personnes, il y a 243 430 musulmans. Horreur, 3,14% de la population est musulmane! C’est un déluge, une véritable invasion! C’est dire le ridicule de la situation. De ce nombre, 166 590 personnes sont des immigrants. Les autres, qui ne forment à peine qu’un misérable pour-cent de la population, sont des citoyens de naissance, ce qui inclus donc leurs enfants.


Ensuite, que dire de la suggestion que la simple vue d’un bout de tissu soit assez pour faire du prosélytisme? J’ai côtoyé des professeurs musulmans, juifs, chrétiens et même sikhs pendant mes années d’études primaires, secondaires et collégiaux. Ils ne m’ont jamais entretenu de leurs convictions et je n’ai jamais éprouvé le désir de me convertir. Ces enseignants croyants faisaient quelque chose d’incroyable à la place : ils enseignaient. Surprenant, je sais. La pire des choses qui me soit arrivée, c’est de constater qu’au Québec, il était possible de s’intégrer et de faire avancer la société dans la province même en étant issu de la diversité. Un constat qu’il me faudra visiblement réviser.


L’enseignante de Chelsea faisait-elle du prosélytisme? Du fait de la réaction des parents des enfants qui assistaient à ses cours, absolument pas. Si elle les avait tous convertis à l’Islam, ils ne seraient pas en train de la défendre tout en accusant la loi 21 de créer un véritable système ségrégationniste inutile au Québec. Au contraire, ils l’ont côtoyé, eux ainsi que leurs enfants, et ont unanimement apprécié son dévouement. Ils ont pu faire l’expérience de l’inconnu, qui s’est changé en visage ami.


Alors, que reste-t-il comme argument pour défendre la loi 21? Bien peu de choses.


Certains diront que la loi a été adoptée et que l’histoire s’arrête là. Un argument des plus stupides. Le gouvernement du Québec, comme, disons, tous les états du monde, a commis des erreurs dans son histoire et a abrogé maints articles et textes de loi. Pourquoi la loi 21 est-elle exempte de tout retour en arrière? Il n’y a aucun argument logique pouvant défendre cette proposition.


D’autres diront que c’est la faute de l’enseignante, qu’elle n’a pas à avoir ses propres convictions au Québec. Ceci est purement xénophobe, car cet argument suggère que nul être en sol québécois peut décider de sa propre foi librement. Pourtant, la laïcité prône la neutralité de l’état face à la foi. Proscrire la foi au Québec, c’est une profession de foi, celle de l’athéisme. Donc rebelotte? Ou bien, on admet à ce stade que l’objectif de cette entreprise est purement xénophobe et on demeure satisfait du résultat.

Finalement, que dire de l’usage de la fameuse clause nonobstant? L’invoquer, c’est renier à un groupe, minoritaire de surcroît, ses droits fondamentaux. Ceci n’est pas un processus démocratique car elle renie les libertés fondamentales qui sont à la base de la démocratie et de l’État. De plus, les principaux intéressés ont été complètement ignorés, grâce à l’usage du bâillon. Démocratique? Où ça?


Et si on n’est pas content, que fait-on? Les défenseurs de la loi 21 disent de se barrer, candidement, ou de renier sa foi. Encore une démonstration de xénophobie, et de l’idée avouée que les musulmans sont désormais des citoyens de seconde classe au Québec, un Québec qui se défend pourtant d’être islamophobe et xénophobe. Mais plus largement, ces trois derniers arguments démontrent à quel point cette loi fait l’objet d’un dogme et non-pas d’une pensée critique et logique.



C’est une situation des plus déplorables. Le Québec a peur de l’inconnu et ne cherche pas à convertir son ignorance en connaissance, se contentant plutôt à continuer de craindre et de rejeter en bloc ce qu’il ignore. Cette entreprise a été déclarée moralement juste car elle ne concerne pas le Québec, mais un microscopique groupe minoritaire sans voix politique. Peut-être y’a-t-il un parallèle à faire avec la mission du Québec de défendre la dernière faction francophone de l’Amérique du Nord? Dans ce cas, l’empathie et la compassion ne devraient-elles pas être le mot d’ordre à la place? Surtout dans un contexte où sa pérennité est menacée par un corps professoral qui s’amenuise...

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